Si  comme moi vous cherchez sur la toile quels sont les agents pathogènes (infectieux) de l’homme, par exemple sur le site :

https://www.doctissimo.fr/html/dossiers/infections/microbes-parasites.htm

ou d’autres sites similaires, vous trouverez la liste suivante : virus, bactéries, moisissures et parasites.

Bien connu, tout ça, et c’est tout ?

Ah oui, on trouve aussi des archéobactéries, ou archées

https://www.santelog.com/actualites/microbiome-de-la-peau-les-archees-ces-agents-secrets-de-la-sante-cutanee

Passons et continuons notre exploration :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Peau : la peau humaine est naturellement couverte d’une population de micro-organismes, spécialisés ou opportunistes, que l’on nomme flore cutanée ou microbiote cutané : bactéries, acariens, micro-nématodes, microchampignons.

Microchampignons, tiens, c’est nouveau ; aurions-nous sur la peau de micro-girolles ?

Poursuivons. https://fr.wikipedia.org/wiki/Microbiote: les champignons cutanés sont par exemple Malassezia furfur et Candida albicans considérés comme symbiotes (résidents) de la peau qui se nourrissent du sébum et de la peau morte ; ils sont moins présents que les bactéries, mais peuvent causer des mycoses en cas de déséquilibre de l’hydratation ou du pH cutané. Une mycose  concerne le plus souvent de petites zones de la peau et/ou des muqueuses. Beaucoup plus rarement le champignon  entraine des infections graves qui – nous dit-on – ne surviennent habituellement que chez des individus immunodéficients.

Nous voilà donc rassurés. Pour ce qui est des « immunodéficients » prions pour eux. Nous avons déjà versé une larme, il y a quelques années pour les hémophiles, exposés au sida lors des transfusions sanguines, avant de découvrir que cette question avait été gérées par les hautes autorités de façon scandaleuse.

Ce Candida, on le connait. Il fait partie des moisissures dont on parlait tout à l’heure. Il peut se développer sur la langue et lui donner l’aspect d’un camembert velouté. Donc rien de nouveau de ce côté-là, mais alors quid de Malassezia ?

Malassezia furfur (en référence à Louis-Charles Malassez) est une levure présente [sur la peau] chez pratiquement 100 % de la population. C’est un agent faiblement pathogène pour l’humain (https://fr.wikipedia.org/wiki/Malassezia_furfur). Nous voici une fois de plus rassurés. Tout de même nous apprenons l’existence d’une levure, ce qui est nouveau, faiblement pathogène il est vrai, mais dont nous sommes tout de même tous porteurs.

Rassurés? Pas tout à fait. Wikipedia, une fois de plus, nous met la puce à l’oreille : des substances typiques du règne animal, comme la chitine, sont retrouvées chez les champignons (https://fr.wikipedia.org/wiki/Fungi).

Cette chitine, où est-elle présente dans le règne animal ? Réponse : chez les Invertébrés, au hasard : les acariens. Tiens, tiens !

Résumons.

Nous avons appris que la surface de notre corps (peau et muqueuses) est colonisée par une population extrêmement nombreuse de micro-organismes. Ils sont même dix fois plus nombreux que les cellules de notre organisme, c’est le microbiote.

Le microbiote ne comprend pas seulement des bactéries, mais aussi des microchampignons. Ceux-ci constituent le mycobiome, constitué essentiellement de levures, parmi lesquelles Malassezia domine.

Néanmoins, pas de panique : Malassezia est « faiblement pathogène » nous a-t-on dit.

Pourtant on ne peut s’en contenter. Allons plus loin, quittons la toile grand public. La revue scientifique de premier plan Nature, nous apprend (traduction) que les microchampignons de la peau, dominés par la levure Malassezia, jouent un rôle physiopathologique majeur (K. Findley et a., Nature, 2013, 498(7454):367-70). Autrement dit, les microchampignons ont une importance majeure dans la santé et les pathologies humaines.

Voilà qui apporte un nouvel éclairage.

Rappelons-nous, les champignons, donc les levures, donc Malassezia, contiennent de la chitine, qui est en quelque sorte leur squelette. C’est un allergène que nous connaissons bien au travers des acariens . Tous les organismes qui en contiennent sont donc des facteurs potentiels d’allergie, et pas seulement au niveau de la peau. Cela a été démontré avec un ver parasite qui provoque une allergie pulmonaire. Cette réaction allergique, bien documentée au niveau cellulaire et biochimique, est neutralisée par une chitinase, une enzyme qui détruit la chitine (Tiffany Reese et al., Nature, 2007, 447(7170):92-6). C’est la démonstration formelle que la chitine des organismes parasites ou saprophytes est source d’allergie.

Qu’en est-il de Malassezia ? Ce n’est que tout récemment que cette levure a été associée à la dermatite atopique (D.Nowicka and U. Nawrot, Mycoses, 2019, 62(7):588-96) mais, car il y a un mais : « Les mécanismes impliquant Malassezia dans cette pathologie ne sont pas bien connus ; il faut poursuivre les études ». Des études, elles sont poursuivies par des dizaines d’équipes dans le monde, qui publient des centaines d’articles et … rien n’avance.

Conclusion, si vous avez une langue comme un vieux camembert moisi, même un dermatologue s’apercevra que vous avez un problème et s’écrira, triomphant : « Euréka, mycose ! ». Mais si vous avez des rougeurs, des boutons sur tout le corps avec des démangeaisons qui ne vous laissent aucun repos, jour et nuit, qui altèrent grandement vos relations sociales et personnelles, ce sera « Dermatite atopique », autrement dit « Je ne sais pas ce que vous avez et vous me faites perdre mon temps ».  Qu’en termes savants ces choses-là sont dites !  D’ailleurs dans certaines salles d’attente de dermatologues des affiches vous préviennent que dans ce cas le médecin ne pourra rien pour vous ; inutile de l’importuner. En d’autres temps ce type de jugement s’exprimait pouce en bas. Ou bien alors, en professionnel consciencieux, et s’il en a la possibilité, il va vous proposer des examens approfondis, à la pointe de la recherche clinique, d’où il ressortira, après quelques semaines, que… tout va bien, vous êtes tout simplement stressé.

Stress !  Le cri du cœur du dermatologue. Je l’ai vécu, et je ne suis loin d’être le seul.

La dermatite atopique n’est pas la seule maladie inflammatoire de la peau dont l’impact est majeur en termes de santé publique, il ne faut pas oublier le psoriasis. En cause, là encore, le stress, la fatigue, le bla-bla habituel. Plus sérieusement, si certains scientifiques se posent la question des agents responsables de la dermatite, en ce qui concerne le psoriasis personne ne s’aventure à seulement l’envisager. Néanmoins, parmi les quelques 50.000 publications scientifiques qui lui sont consacrées, depuis une date récente certaines se hasardent à évoquer le mycobiome et naturellement Malassezia. Elles émanent de modestes laboratoires et paraissent dans de modestes revues (entre parenthèse : bien souvent les grandes avancées scientifiques paraissent d’abord dans de modestes revues). Citons par exemple le remarquable travail de Zuzana Stehlikova et al., Frontiers in Microbiology, 2019, 10:438-.  Le titre de la revue est significatif : il traduit une recherche « à la marge ». C’est un bon début ; nous attendons la suite.

Allons encore plus loin. Les problèmes de santé que pose Malassezia ne sont pas limités à la peau. « L’impact du mycobiome sur la santé humaine est mal reconnu, sous-estimé et sous-étudié », rappellent des chercheurs anglais, qui en apportent un exemple frappant : Malassezia est impliqué dans le développement du cancer pancréatique, un des cancers les plus létaux qui soient (B. Aykut et al., Nature, 2019, 574 (7777):264-7).

Qu’on ne s’y méprenne pas, malgré mes piques je ne doute pas que les dermatologues soient compétents et consciencieux. Je remets en cause non pas ces professionnels, mais l’enseignement qu’ils ont reçu, donc la Faculté et, au-delà, les chercheurs, ou plus exactement la politique de la recherche, publique ou privée, qui fait montre dans ce domaine, comme dans bien d’autres, d’une dramatique inefficacité pour le traitement des malades. Les antifongiques dont on dispose peuvent soulager quelque peu lorsqu’ils sont combinés à des stéroïdes, ou autres, mais le problème reste entier.

Que faudrait-il donc faire ? Il faut bien voir que les agents infectieux autres que virus et bactéries posent des problèmes spécifiques. Leur organisation cellulaire est proche de la nôtre. L’approche thérapeutique doit être totalement repensée. Il faut des médicaments radicalement originaux. Hélas personne ne semble y songer.

Il y a pourtant une exception. A Strasbourg, le prix Nobel Jules Hoffmann et son son épouse Danièle avaient exploré la défense anti-infectieuse des insectes (tous les organismes, plantes comme animaux ont des mécanismes de défense comparables aux nôtres).  Ils avaient montré que les insectes produisent des molécules de défense très particulières, comportant des acides aminés non classiques. Comme tout chercheur qui souhaite appliquer son travail dans l’intérêt pour la société, Jules Hoffmann avait entrepris des démarches en vue de développer un médicament, basé sur ce que lui avaient appris les insectes. Le chemin – de croix – est tout tracé :  créer une start-up pour démontrer l’intérêt thérapeutique d’une molécule, puis proposer celle-ci à des investisseurs susceptibles d’engager des sommes considérables (plusieurs centaines de millions d’Euros) dans le but de mettre un nouveau médicament sur le marché. Jules Hoffmann avait ainsi créé Entomed, appellation qui combine entomologie et médicaments.

Nous avons ainsi vu naître l’espoir d’un médicament de nouvelle génération, différent de tous les autres, mais l’aventure a tourné court. D’une part ce médicament aurait été difficile, donc cher, à produire, mais surtout l’industrie pharmaceutique n’aime pas sortir des sentiers battus. De toute façon, investir de fortes sommes pour traiter la dermatite atopique, ce n’est pas très motivant. Puisque stress il y a, mieux vaut prescrire le repos, c’est moins cher. Pour le psoriasis, on ne connait pas d’agent responsable, donc un médicament anti-infectieux serait sans objet. Quant aux multiples pathologies liées au mycobiome, circulez, il n’y a rien à voir.

Tant pis pour nous !

I had a dream ! J’ai rêvé que la Faculté de médecine et derrière elle les responsables de la politique de la recherche, publique et privée, ainsi que les investisseurs de l’industrie pharmaceutique, prennent en considération des problèmes de santé publique majeurs, qui résultent de pathogènes jusqu’ici quasiment ignorés dont, au premier rang, Malassezia.

PS. Pourtant, si Malassezia semble ignorée des dermatologues, elle ne l’est pas des vétérinaires, voir esccap.fr/champignons/malassezia-chien-chat

Pourquoi donc les vétérinaires et non pas les médecins ? J’avance une hypothèse : la science vétérinaire est bien moins « noble » que la médecine. Elle n’est donc pas soumise aux mêmes pressions venant des Hautes Autorités. Autrement dit, elle est plus libre. Je ne prononce pas ces mots au hasard. J’ai pu voir de l’intérieur exercer ce type de pressions .

 

Illustration: levure de boulanger. Malassezia a le même aspect.

2 réponses
  1. israelnightclub.com
    israelnightclub.com dit :

    Im very happy to find this web site. I want to to thank you for ones time just for this fantastic read!! I definitely appreciated every part of it and i also have you saved as a favorite to see new information in your blog.

    Répondre

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *